mardi 30 novembre 2010

LES ILES ET L'APRES SAINT MARCOUF

Les îles et l’après saint Marcouf

Après la mort de saint Marcouf, les moines continuèrent à se rendre sur les îles. L’église de Nanteuil fut donnée à l’abbaye de Cerisy par Guillaume de Monfiquet, en présence de l’évêque Geoffroy de Montbray et de Guillaume le Conquérant.
Mais il paraît que Guillaume de Montfiquet n’était pas le seul propriétaire de la seigneurie de Saint-Marcouf, car Guillaume le Conquérant donna quelques années plus tard (vers 1050), à l’abbaye de Sainte Wandrille, les cinq paroisses de Saint-Marcouf : Saint-Martin, Saint-Germain-de-Varreville, Sainte-Honorine-d’Audouville et Sainte-Marie-de-Poupeville, ainsi que le territoire de l’ancienne abbaye de Saint-Marcouf, à la demande de Robert, fils d’Onfroi de Vieilles.
Dans une charte de l’abbaye de Sainte-Wandrille du 1er août 1142, Hugues, alors archevêque de Rouen, confirme au monastère de Saint-Marcouf tous les honneurs et privilèges qui lui avaient été accordés par ses prédécesseurs, princes, prélats et seigneurs de la province, avec toutes les possessions dont ce dernier monastère jouissait, dont les îles Saint-Marcouf.
Par une charte signée de Henry II, roi d’Angleterre,  il  est   ordonné  que  l’abbaye   de   Cerisy possède les terres et dépendances (dont les îles) de Saint- Marcouf, car tous ces biens étaient en possession de Roger, fils de Jean de Saint-Marcouf.
Une autre charte (vers 1220-1230) stipule que la dîme de la paroisse de Saint-Marcouf devra être partagée également entre les abbayes de Sainte-Wandrille et Cerisy.
En l’an 1222, le seigneur de Saint-Marcouf, nommé Guillaume des Barres, jeune chevalier, fils du même et également chevalier, donna à Dieu et à l’église de Coutances, pour le salut de son âme et celles de ses prédécesseurs et successeurs, 8 livres tournois de rente à prendre chaque année sur le receveur de ses terres et rentes de Saint-Marcouf ; cette somme était payable à Pâques. Dans le cartulaire de l’abbaye de Cerisy, il est fait mention qu’en 1229 une dame « Léonore de Vitré » donna aux religieux de l’île Saint-Marcouf un septier de froment de rente à prendre sur ses terres de Rye.
L’abbaye de Cerisy fonda un prieuré dans l’île de Saint-Marcouf, dite « île du large » ou « île d’amont ». Rappelons que ces îles avaient été données à cette abbaye par Guillaume de Montfiquet. Il ne résidait plus qu’un seul moine en 1250, lequel fut d’ailleurs rappelé à la demande de l’archevêque Eude Rigaud.
En 1208, le fils d’un marchand italien que l’Eglise honore sous le nom de saint François d’Assise fondait l’ordre « des frères mineurs », ainsi appelé en raison de l’humilité de ses membres qui se considéraient comme inférieurs aux autres religieux.
45 ans après sa fondation, l’ordre comptait 8.000 couvents et 200.000 adhérents ; ceux-ci furent appelés Franciscains du nom de leur fondateur, ou Cordeliers à cause de la corde qui leur servait de ceinture.
Les Cordeliers s’établirent en France sous le règne de Louis VIII (1232). Le premier couvent de la province de France parisienne, qui s’étendait sur la Normandie et la Lorraine, fut fondé à Seez en 1223.
Plus tard les Cordeliers passèrent dans les îles anglo-normandes et y érigèrent une custodie indépendante (région ecclésiastique indépendante), comme le prouve les acres du chapitre général de 1427 et 1435.
Dés 1424, les cordeliers quittèrent leur couvent des îles Chausey et traversant la presqu’île du Cotentin, allèrent s’établir aux îles Saint-Marcouf.
Ces îles avaient appartenu au monastère de Nanteuil, puis étaient passées dans le domaine de Sainte-Wandrille, puis à l’abbaye de Saint-Vigor-de-Cérisy.
Thomas, abbé du monastère de Cérisy, permit aux Cordeliers de s’établir dans le prieuré des îles ; ils s’y installèrent sous la direction de Pierre Lefèvre, leur gardien, mais souvent troublés dans leur solitude par les invasions des pirates. En proie à l’intempérie des saisons, leur couvent ayant été en partie détruit par une tempête, ils se résolurent à quitter ces îles inhospitalières et bien que les seigneurs de Fontenay et de Saint-Marcouf, devenus plus tard maîtres des îles, eussent reconnu leurs droits sur ces territoires (1596, 1606, 1607, 1661). Ils partirent définitivement en 1477, après un séjour d’environ un demi-siècle.
Cette résolution fut vivement regrettée dans le pays où l’on fit ce que l’on put pour les retenir, car, dès 1454, un vicomte d’Alençon leur avait donné un terrain à Saint-Vaast-la-Hougue.
Mais Valogne, ville importante à cette époque, voulut posséder les religieux, et les habitants les plus importants n’épargnèrent rien pour les y attirer.
Le 17 décembre 1468, Thomas de Clamorgan, seigneur de Saint-Pierre-Eglise, et Catherine d’Argouges, sa femme, firent don aux Cordeliers de l’île Saint-Marcouf d’une pièce de terre et jardin, nommée « le jardin Piquet », clos de murs, planté de pommiers et équipé de masures, à Valogne, près du grand moulin.
Quatre jours après, le 21 décembre 1468, Guillaume le Tellier, baron de la Luthumière, donna aux Cordeliers une pièce de terre contiguë au « jardin Piquet ». Les barons de la Luthumière possédaient un château à Brix et, après l’amiral de Bourbon, ils étaient considérés comme les fondateurs du couvent. A cette date, ni l’église, ni les bâtiments conventuels n’étaient encore construits : cependant, le 20 janvier 1469, Guillaume de Bailleul, doyen de l’église de Bayeux, prenait solennellement possession des immeubles donnés aux Cordeliers et, de ce jour, on peut fixer leur établissement à Valognes.
Au mois de mai 1469, le pape Paul III autorisait les Cordeliers à quitter les îles Saint-Marcouf et, en décembre de cette même année, Louis XI confirmait cette autorisation.
        La Révolution fit disparaître les Cordeliers. Leur domaine devint bien national ; des adjudications en furent passées du 2 février au 12 août 1791, pour une somme totale de 23.250 francs.  En décembre 1791, une partie de l’enclos et le moulin furent vendus, le reste affermé ;  une  partie  des bâtiments fut  transformée  en caserne. Puis, quelques années plus tard, on y établit une manufacture de porcelaine qui subsista jusque vers 1840.

L’église et le couvent des Cordeliers furent entièrement  démolis, et la charrue passa sur leur emplacement.
Les abbayes de Sainte-Wandrille et de Cerisy se partagèrent les dîmes des terres de Saint-Marcouf jusqu’à la fin du XVIIe siècle.

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