vendredi 7 janvier 2011

ILES SAINT MARCOUF, quelques manuscrits.

ILES SAINT MARCOUF, plans et photos

Intérieur du fort des iles Saint Marcouf en 1973
Implantation des Anglais dans les iles Saint Marcouf
Vue de l'ile du large par le nord-ouest, début 19 ième siecle, construction Française.
Plan de coupe de la partie centrale du fort des iles Saint Marcouf.
Plan des fortifications des iles Saint Marcouf par les Français, 19ième siecle.

Iles Saint Marcouf et les fortifications sur l'ile de terre et l'ile du large. 19ième siecle

SOURCES IMPRIMEES POUR "ILES SAINT MARCOUF"

Sources imprimées

Bibliothèque Nationale de France


v    Mémoires de la société archéologique, artistique, littéraire et scientifique de l’arrondissement de Valognes. 1885.
v    Annuaire de la Manche, 1861.
v    Familles nobles résidentes à Valognes en 1698, Mangon du Houguet (Pierre).
v    Cahiers des états de normandie sous le règne de Louis XIII et Louis XIV,1876, 3 volumes. Beaurepaire (C.R de)
v    Histoire générale écclésiastique et civile du diocése de Séez ancien et nouveau…1898, 5 volumes, Hommey (abbé).
v    Recherches archéologiques et historiques sur le Cotentin, 1863, Quenault Léopold.
v    La vie des saints de Bretagne, Legrand Albert.
v    Les états de Normandie sous la domination anglaise, 1424, 25, et29, 1859. Beaurepaire.
v    Histoire des guerres de religion dans la Manche. Delalande A.
v    Valognes, le Versailles des normands, 1947.
v    1789 à Valognes et dans le Cotentin, 1989, Leboyer Fernand.
v    Anciennes et récentes invasions de la mer sur les côtes du département de la Manche, 1869, Quenault L.
v    Histoire du diocèse de Coutances, 1874-1878, Toustain de Billy.
v    Bibliograhie du département de la Manche, Pluquet.
v    Cartulaire de saint Ymer et de Briquebec, 1908, Bréard Charles
v    Histoire du diocèse de Coutances et d’Avranches, 1878, Lecanu.
v    Notes historiques sur les paroisses de l’arrondissement de Valognes, canton de Montebourg, Renault.
v    Histoire de saint Marcouf, et du pèlerinage de Corbeny, 1856, Duplus H.D. abbé.
v    Recherches sur les îles du Cotentin, 1846, Gerville Charles de .
v    Etudes géographiques et historiques du département de la Manche, 1854, Gerville Charles de.
v    Les noms de personnes scandinaves en Normandie 911-1066. 1954 Adigard des Gautries.
v    Histoire de Montebourg et de ses environs de 1789 à 1807. 1895-99 Lecacheux abbé.
v    Histoire du Cotentin et de ses îles, 1870-1885, Dupont G.
v    Vies des saints des diocèses de Coutances et d’Avranches, 1898, Pigeon E. A. chanoine.
v    A travers la Normandie des XVII et XVIIIe siècle.1963, Caillard Duval.
v    Cartulaire  normand  de  Philippe Auguste, Louis
v    VIII, Saint Louis et Philippe le Hardi, 1852, Delisle L.
v    Mémoires de la société des antiquaires de Normandie.
v   Les insurrections normandes, 1889, Sicotière L. de.

SOURCES MANUSCRITES POUR "ILES SAINT MARCOUF"

Sources manuscrites


ARCHIVES NATIONALES. (Arch. Nat. )

Série marine : B2-266.
Série marine : B3-194.
Série marine: BB3-131, et 69.
Série marine : DD2-896 , et 1720.
Série marine : D2-51.
Titres domaniaux, Q1-642.


SERVICE HISTORIQUE DE L’ARMEE DE TERRE.( incluant les archives du génie). SHAT.

Séries 1M-505, 1086, 1240, 1241, 1305, 1420, 1942.
Articles 3 et 4, section 2.
Article 8 sections 1, et 2.
Article 8, P.A.
Article 15.
Série A1-3419.
Notice géographique sur les îles Saint Marcouf. 1808. Mayeux-Doual (L.J.B.)

ABANDON DES ILES SAINT MARCOUF

Abandon des îles Saint Marcouf


En 1890, les îles saint marcouf ne sont plus habitées que par les oiseaux de mer et livrées à l’agression du temps et des intempéries, les bâtiments se dégradent, les charpentes s’envolent…
Le ministère de la Marine propose de raser purement et simplement les fortifications des iles saint Marcouf, mais le département de la Guerre n’y voit aucun intérêt et préfère remettre ces îles aux domaines.

Rapport de l’ingénieur ordinaire de la marine de Cherbourg, Direction des travaux hydrauliques.

Par la dépêche ministérielle du 20 septembre 1890, Monsieur le ministre fait savoir au sujet du sémaphore de Saint Marcouf que le poste dans l’état de choses qui résultera de la remise aux domaines des fortifications de Saint Marcouf, devant se trouver à peu prés aussi exposé, et aussi difficile à défendre que si ces ouvrages avaient été démolis, il y a lieu de l’abandonner dés maintenant.
Le poste étant complètement abandonné, il ne semble pas que la marine ait quelque intérêt à conserver la propriété des bâtiments ; ces bâtiments sont d’ailleurs en mauvais état, les charpentes et menuiseries constituant la chambre de veille sont pourries jusqu’à un mètre au dessus du sol,  la couverture en zinc est hors de service.
Quant aux logements des guêtteurs, dégradés de l’intérieur aussi bien que de l’extérieur, ils ne sont plus habitables.
Dans de pareille conditions, une remise aux domaines ne présenterait pas non plus grand avantage, car il est peu probable, que cette administration tire un parti quelconque des bâtiments.
Le mieux serait selon nous de faire enlever en même temps que le mât sémaphorique et le mât de signaux, tous les objets et matériaux (portes, fenêtres, charpentes, menuiseries, couvertures, etc…) offrant encore quelques valeurs et succeptibles d’être réemployés ailleurs, et d’abandonner le reste aux domaines en même temps que les fortifications.
Le mât du sémaphore des îles Saint Marcouf avait été remplacé en 1887.

A Cherbourg le 8 décembre 1890.
Cette précédente proposition sera retenue, et les éléments récupérés dans le démontage des îles seront débarqués à La Hougue et les bâtiments sémaphoriques seront remit aux domaines.
Le poste sémaphorique de Saint-Marcouf a été définitivement abandonné en vertu de la dépêche ministérielle du 20 septembre 1890.

LE SEMAPHORE DE SAINT MARCOUF

Le sémaphore de Saint-Marcouf


En 1865, une très faible garnison était encore en poste aux îles saint Marcouf, et dont le sémaphore fonctionnait en liaison avec la terre grâce à un câble électrique posé durant cette même année. La rupture de ce câble en 1872 donna lieu à de nombreuses discutions quant à sa réparation ou plutôt son remplacement. Les autorités concernées discutaient toujours en 1888 sur l’opportunité du remplacement de ce câble. La proposition de 1888 porte sur la pose d’un câble qui partirait de l’île du large pour aboutir en un point situé à 500 mètres au sud de la redoute de Ravenoville, puis qui irait de Ravenoville à Valognes sur des poteaux sur une distance de 30 kilomètres. Le coût de la dépense était estimé à 78.000 francs ; cette proposition avait d’ailleurs déjà été faite quelques années auparavant.
Le sémaphore de Saint-Marcouf sera temporairement fermé par décision ministérielle du 25 avril 1874, mais le poste sémaphorique était abandonné depuis 1873, n’ayant plus de possibilité de transmettre avec la terre suite à la rupture de son câble l’année précédente, et aussi parce qu’aucune administration ne voulait en assumer la charge financière au regard du faible intêret porté sur l’utilité même de ce poste. Pourtant,  en 1883  une  proposition de partage des frais
avait été faite pour un projet de pose de câble à deux conducteurs, l’un pour le service du sémaphore et l’autre pour le département de la guerre, partagent du même coup le budget en deux.
Malgré la décision d’un abandon temporaire du poste sémaphorique par décision ministérielle, il fut cependant décidé de placer aux îles un gardien pour assurer l’entretien du matériel et des installations ainsi que sa garde.
Cette garde sera assurée par Monsieur Beaurain, sur la proposition du major général de la marine, le 1er janvier 1875, et suite à la dépêche ministérielle du 3 juillet 1874, mais dans sa lettre du 23 avril 1875 monsieur Beaurain disait toujours attendre ses indemnitées. (Arch. Nat. DD2-1720 marine )

FORTIFICATION DES ILES SAINT MARCOUF

Fortification des îles Saint-Marcouf

Dès 1802 des dépenses furent faites pour améliorer les fortifications des îles saint Marcouf, sans toutefois faire de grosse construction. La dépense se montait alors pour cette année 1802 à 4.709,54 francs de l’époque.
Les constructions que les Anglais avaient laissées consistaient, sur l’île du large, en un fort carré armé de canons et de différents baraquements pour le logement des soldats et marins anglais. A cette époque la chapelle construite par les Cordeliers quelques siècles auparavant était toujours debout, et elle ne sera détruite que lors de la construction de la tour de cette île du large. Toute la terre qui servit à l’édification des remparts fut amenée par les Anglais de leur propre territoire.
Celle-ci se composait de gazon glaiseux taillé en forme de briques. Les chemins des îles étaient pavés de galets. Le pourtour de l’île était armé de canons. Un système défensif similaire existait sur l’île de terre. Voir le plan des îles Saint-Marcouf dressé en 1796 par les Français et adressé au ministre de la Guerre.
Sur l’île du large commencèrent en 1803 les grosses constructions, avec l’édification de la tour centrale que nous connaissons encore aujourd’hui. Cette
construction ne sera achevée qu’en 1813 ( voir le plan ). Des crédits furent donc affectés au ministère de la Guerre pour la réalisation de ce projet, qui se montèrent à 6.484,51 francs pour le premier semestre de 1803 et de 193.515,49 francs pour le second semestre de cette même année.
Les années suivantes les travaux continuèrent, engloutissant toujours plus de fonds ; en 1804, la dépense se monta à 182.010 francs, en 1805, 60.000 francs, en 1806, 115.000 francs, et en 1807, 163.100 francs.
En 1807, l’état des fortifications était le suivant. Le rapport du corps impérial du génie de Cherbourg du 10 octobre 1807 mentionne que les travaux continuent activement et permettent d’assurer la sécurité du cabotage qui se fait entre Cherbourg, La Hougue, Rouen et Le Havre. A cette époque la grosse tour centrale de l’île du large n’est pas terminée car l’affectation des crédits du ministère de la Guerre est insuffisante. L’armement des îles se compose de 45 bouches à feu, dont 9 mortiers à grande portée, 6 canons de calibre 36, 23 canons de 24, un canon de 12, un canon de 8, un de 6, et 4 obusiers.
L’estimation des dépenses à engager pour continuer les travaux défensifs sont à cette date de 1807 estimés à :
188.000 francs pour terminer la tour de l’île du large.
200.000 francs pour le revêtement et le rempart de la nouvelle enceinte de l’île du large, et de la batterie à l’ouest de l’île de terre.
100.000 francs pour la construction des quais du havre de l’île du large.
72.000 francs pour la construction du bâtiment de l’île de terre destiné à abriter 30 ou 40 hommes.
24.000 francs pour la construction de 7 petits magasins à poudre et de 9 grandes barrières sur les deux îles.
16.000 francs pour frais imprévus.
Soit un total de 600.000 francs.
Le rez-de-chaussée de la grande tour de l’île du large se compose de 24 casemates dont l’affectation est la suivante :
Casemate 1, entrée de la tour.
Casemate 7, entrée des souterrains de la tour.
Casemate 13, entrée de la citerne, qui peut en outre servir de magasin pour des barriques.
Casemates 15, 16 et 17, magasins à poudre.
Casemates 18 et 19, magasins d’attirail pour l’artillerie.
Casemate 22, latrines pour les officiers et les soldats.
Casemate 24, corps de garde et salle de police.
Les 14 autres servent de logements de la garnison.
Chaque casemate a une surface au sol de 34,44 mètres carrés. Deux casemates sont affectées aux citernes d’eau et peuvent contenir 105.000 litres, cette réserve d’eau pouvant être portée à 134.800 litres. Du bois de chauffage est également stocké dans ces souterrains, ainsi que des réserves de nourriture, comme de la viande salée.
En 1807, les projets de fortification des îles n’étaient pas encore complètement arrêtés, car il était aussi question de raser l’île de terre jusqu’au niveau des plus basses mers, ceci afin d’éviter que l’ennemi ne puisse se cacher à l’abri de cette île pour bombarder tranquillement l’île du large. Ce projet qui avait pourtant été approuvé par Napoléon ne verra jamais le jour. Il était même question dans ce projet de construire deux petites forteresses sur le banc du Bec (lettre du général Marescot de 1807. SHAT article 8 P.A.). Le projet d’arasement de l’île de terre était déjà en question en 1804.
La tour centrale de l’île du large était prévue pour recevoir 210 hommes, dont sept officiers, mais la circulaire ministérielle du 28 septembre 1825 réduisit cette possibilité à 116 hommes. D’autres hommes pouvaient loger dans les bâtiments construits pour certains depuis 1804, ils étaient en pierre, mais vers 1825 certaines constructions  en bois qui avaient été faites par les Anglais subsistaient et servaient à loger quelques officiers. L’une d’elles servait encore en 1826 à loger le cantinier. Il était d’ailleurs question de démolir ces baraques en fort mauvais état. Beaucoup de baraques en bois qui, elles, avaient été construites par les Français furent détruites dès 1812. Elles avaient servi à abriter les hommes du génie pour la construction des fortifications. Sur cette île du large existait dès 1806 une prison construite à l’extérieure de la tour et dans la tour une casemate faisait office de cachot.
Sur l’île de terre les constructions des Français consistaient à établir des batteries de canons en différents points de l’île ainsi qu’un bâtiment en maçonnerie voûté pour servir de prison, et  cela dès 1805. D’autres bâtiments furent construits pour le logement des officiers et soldats, et quelques autres pour servir de magasin à poudre ou à vivres. Ceux-ci furent démolies en 1812 et 1818, et en 1826 l’île de terre était déjà abandonnée.
Dès 1805 le commandement des îles Saint-Marcouf fut confié à Monsieur Mayeux, chef de bataillon qui y résidait encore en 1812 et faisait le rapport suivant : J’ai sous mes ordres une garnison de 200 hommes, dont 75 hommes du 113e régiment d’infanterie de ligne commandé par un lieutenant, et 125 canonniers vétérans de la 11e et 17e compagnie commandées par  deux  officiers. Ces  troupes  sont  réparties dans les deux îles,celle de terre n’est gardée que par 25 canonniers vétérans sous les ordres d’un capitaine et un détachement de 15 hommes d’infanterie sous la conduite d’un sergent. Ces 40 hommes sont logés dans le blockaus de la redoute et dans un petit corps de garde. 
La garnison de l’île du large est composée de 100 hommes canonniers vétérans commandés par un lieutenant, et 60 hommes d’infanterie de ligne aussi commandés par un lieutenant. Sur l’île du large, les canonniers sont tous logés à l’extérieur de la tour, les uns dans le blockaus, les autres dans une baraque ou caserne extérieure.
Le détachement du 113e régiment est établi dans les casemates de la tour.
Sur l’île du large un officier de santé, muni des objets nécessaires au traitement des maladies passagères et à l’application des premiers appareils.
L’armement actuellement en batterie dans les îles Saint- Marcouf n’est que provisoire ; la tour est cependant déjà succeptible de recevoir son armement complet de 43 bouches à feu. L’armement provisoire expédié dans les îles Saint-Marcouf  consistait en 50 bouches, 2 d’entres elles ont été renvoyées sur le continent.
Lors du service, 3 sont sur chantier et 45 sur batterie.
Ile du large : batterie dans la tour 22 canons, batterie extérieure 18 canons
Ile de terre : batterie dans la redoute et les lignes extérieures 5 canons.
Les poudres sont déposées dans un magasin de l’île du large dont la plus grande partie dans les deux casemates de la tour disposées à cet usage.

L’île de terre stocke une quantité de poudre proportionnée au nombre de bouche à feu.

Nos stocks de munitions sont :
2.372 boulets de 36
715 de 24
143 de 12
49 de 8
50 de 6
132 boîtes à balles de 8 et de 6
652 boites à mitrailles de 36, 24, et 12
1.892 bombes de 12
700 obus de 6
1.300 grenades à main
37.000 kilos de poudre en barils
2300 kilos de poudre confectionnée
68.000 cartouches d’infanterie


L’approvisionnement de vivres de réserve que l’on conserve dans les magasins des îles Saint Marcouf est complété à raison de 400 hommes pendant 2 mois. On y maintient en outre un tiers en sus de l’approvisionnement en biscuit et en lard salé, pour subvenir aux besoins de la garnison lorsque le mauvais temps ne permet pas de communiquer avec Saint Vaast, d’ou la garnison reçoit habituellement les vivres fraîches.
Les vivres de réserve sont renfermés dans la casemate de la tour à l’exception d’un petit approvisionnement particulier déposé dans l’île de terre. Outre la grande citerne renfermée dans la tour, chacune des îles en contient une susceptible de contenir 22.000 pots d’eau. La grande citerne de la tour contient 55.000 pots d’eau (SHAT 1M-1305)

Sous le commandement de Mayeux l’on construisit sur l’île du large un sémaphore, lequel entra en service le 1er janvier 1807. La description qu’il en fit à cette époque est relatée comme suit (SHAT 1M-1942) :

Le sémaphore est une espèce de télégraphe de mer : c’est une machine de nouvelle invention mise en usage depuis le premier janvier 1807. Elle a été substituée au mât de vigie pour transmettre les signaux sur la côte. Cette machine se compose d’un montant ou mât qui en est la pièce principale, et de trois branches ou ailes mobiles placées de manière à prendre au moyen de trois poulies fixées au pied du mât, une position soit verticale ou oblique, ou horizontale. Les trois ailes sont noires d’un côté et blanches de l’autre ; et c’est la combinaison des angles qu’elles font de leur couleur que se déduit le moyen d’indiquer la position et l’espèce de bâtiment qu’on signale.
Le sémaphore, comme on peut en juger par cette description, est bien simple en lui- même. Il est très commode aux gardes-vigies qui ont bien moins de mal à s’en servir qu’à développer et hisser les pavillons, ce qui dans les grands vents surtout, leur causaient beaucoup de peine et d’embarras. Mais on prétend que les bâtiments de l’état, en mer, ne retirent pas autant d’utilité du sémaphore que du mât de vigie.
Les années se succédaient les unes aux autres sans que rien ne vienne perturber les travaux si ce n’est le manque chronique de crédit. Au fils du temps les îles perdirent peu à peu leur intérêt stratégique et la garnison fut allégée. En 1824 il n’y avait plus sur les îles que 14 hommes, dont 1 homme d’état major d’artillerie, 1 homme d’état major du génie, 3 sous-officiers et soldats d’artillerie, et 9 sous-officiers et soldats d’infanterie (SHAT 1M-1240)
Le 10 juillet 1851 une loi fut votée classant les îles comme simple poste militaire, et elles furent définitivement déclassées par la loi du 31 décembre 1875 (SHAT Art. 8  section 2 )
Les dépenses pour la construction de ces fortifications furent à l’époque conséquentes, et qualifiées de travaux  extraordinaires. Bruno Boyer, alors
capitaine au corps impérial du génie, et faisant office de sous-directeur des fortifications, fit dans son rapport de décembre 1811 apparaître la somme de 1.034.819,68 francs rien que pour l’édification de la tour de l’île du large, et de quelques aménagements de baraques ici et là.
Les travaux de construction et d’améliorations des fortifications étaient encore à l’ordre du jour en 1868, où il était question d’améliorer le havre de l’île du large par le creusement de celui-ci, et de procéder à l’allongement du quai afin de rendre plus aisé le débarquement du ravitaillement.

Il en fut question dans un courrier du ministère de la Marine et des Colonies datée du 21 juillet 1868.

Proposition de travaux dans le but de permettre l’accés des îles Saint Marcouf à toutes heures de marée par les bateaux employés au ravitaillement.
Les travaux sont estimés à 129.000 francs.
Ils consistent à allonger la jetée actuelle de l’île du large et d’approfondir le chenal et le port, et de creuser au milieu du chenal une cuvette dont le plafond serait tenu à la cote moins 4,50 métres.
Ceux de l’île de terre comprendraient un débarcadère abrité par une jetée.
Les dépenses, au total 129.000 francs seraient à répartir comme suit.
7/10e au compte du département de la guerre.
1/10e à la charge des ponts et chaussées.
2/10e à la charge de la marine.
Cette répartition a été critiquée lors des délibérations du 24 mars 1868, en effet la marine ne veut prendre part qu’aux travaux de l’île du large à hauteur de 1/10e du coût total des travaux de l’île du large soit, 10.300 francs.
Mais la marine est priée de prendre en charge 27.000 francs pour l’ensemble des travaux.
Signé Le conseiller d’état Directeur du matériel. (Arch. Nat. DD2-896 marine )
Cette proposition étant faite, il restait à trouver les fonds ; or le département de la guerre n’avait plus de fonds disponibles en 1868 pour ces travaux, et le maréchal de France, ministre secrétaire d’Etat de la Guerre, écrivit au ministre en ces termes :

Paris le 13 aout 1868.

Monsieur le ministre et cher collégue,

Aux termes de la délibération de la commission mixte des travaux publics en date du 8 juin 1868 relative au projet d’amélioration des îles Saint-Marcouf et aux conclusions de laquelle vous avez adhéré, l’exécution des travaux doit être confiée au service du génie au compte des administrations intéressées, dans la proportion suivante :
1/10e au compte du département des travaux publics, soit environ 13.500 francs.
2/10e au compte de la marine...........................…27.000 francs.
7/10e au compte du départ de la guerre............….94.500 francs.

Total . 135.000 francs.
La part afférente au département de la Guerre ne pouvant être comprise que sur le budget de 1870, je vous annonce que je ne pourrai disposer d’aucun fond avant cet exercise ; mais si votre Excellence consent à réserver sur l’exercice 1869 la part contributive qui incombe à la marine, les travaux pourraient être entrepris en 1869 avec ces fonds concurrement avec la part des travaux publics.
Ces travaux alors continués à partir de 1870 sur les fonds du budget de la guerre.
Je serai obligé à votre excellence de me faire savoir si elle accepte ma proposition.
Agréez, Monsieur le Ministre et cher collégue, les nouvelles assurances de ma  haute considération.(Arch. Nat. DD2-896. marine.)
Mais ces travaux seront purement et simplement ajournés dés novembre 1868 par le ministre secrétaire d’état de la Guerre, car la garnison des îles venait d’être provisoirement supprimée. (Arch. Nat. DD2-896 marine)

LA FRANCE RECUPERE LES ILES SAINT MARCOUF

La France récupère les îles Saint Marcouf

Nous sommes en 1802, la France et l’Angleterre signent un traité de paix à Amiens par lequel nous reprenons possession des îles Saint-Marcouf.

Dès lors le gouvernement de la France va procéder aux travaux de fortification des îles saint Marcouf pour leur donner le visage que nous connaissons aujourd’hui. Ces travaux seront faits sur une durée de plus d’un demi- siècle.

Le premier travail des ingénieurs de l’époque sera de dresser un plan des constructions que les Anglais avaient effectuées durant les années d’occupation,

Quelque temps après la signature du traité d’Amiens, le 25 mars 1802, la France enverra aux îles saint Marcouf des hommes de troupe afin d’occuper le terrain. Ces hommes seront logés dans les bâtiments que les Anglais avaient laissés, en attendant la construction de la tour de l’île du large ; cependant des constructions provisoires seront faites dans l’attente des travaux.

L'ATTAQUE DES ILES SAINT MARCOUF

L’attaque des îles Saint-Marcouf


Tous ces mouvements clandestins inquiétaient bien évidemment les Normands et les autorités, qui craignaient à juste titre que Saint-Marcouf puisse servir de base avancée pour les Anglais jusque-là indélogeables, malgré des intentions d’attaques, et une tentative aujourd’hui tristement célèbre.

Les 21, 26 août, 2 septembre 1797, et le 27 février 1798, des hommes de troupes furent envoyés au Havre en vue d’une attaque des îles Saint-Marcouf, mais ces soldats furent désarmés au dernier moment. Le général Kléber s’était pourtant intéressé à cette affaire et avait à ce titre correspondu avec Bonaparte.

Un an environ après l’occupation des îles Saint-Marcouf par les Anglais, le capitaine du génie Galbois fit dans sa lettre du 1er juin 1796 la suggestion suivante pour attaquer les dîtes îles :

Les Anglais annoncent toujours mettre beaucoup d’importance à la possession  des isles Saint Marcouf, ils continuent activement leurs bâtiments en bois, et leurs ouvrages en terre qui ne font pas encore palissades, ce qui paraît étonnant.
Dans ce moment il n’y a point de bâtiments de guerre aux isles, vraisemblablement  à  cause  qu’il  n’y a  plus de Français dans le
port de la Hougue, une entreprise hardie pourrait très bien avoir d’heureux succès et être fort peu entravée.
600 hommes embarqués dans les bateaux pêcheurs de la Hougue, d’Isigny, et de Grandcamp (trois points à peu prés également distants des îles) se réunissant au point du jour sous la volée du canon des isles et mettant pied à terre de tous côtés réussiraient infailliblement à s’en rendre maître avec la bayonnette seulement, sans perdre beaucoup de monde, même avant qu’ils eussent le temps de se disposer à la défensive, mais la clef d’une pareille opération, c’est le secret.
(SHAT Art. 8 P.A. )

En 1798 les choses se précisent quant à l’attaque des îles Saint-Marcouf, un rapport fait au Havre le 28 janvier de cette même année par un dénommé Cyriot fait un descriptif des îles, dont voici un extrait  (SHAT 1M-1420 ) :

« La garnison des îles se compose d’environ 300 hommes. Sur l’île de terre il y avait un espèce de fort en forme de tour qui suivant le rapport du capitaine Garissard, pilote lamaneur de Fécamp, possède trois batteries : la plus élevée a du canon de 12, celle du milieu du 18, celle du bas du 24. Ce fort domine toute l’île et peut battre de tous côtés de ce fort.
L’île du large, la plus difficile d’accés par les rochers qui l’entourent dans la partie Nord, la mer y est toujours très agitée rendant tout débarquement difficile. Cette île du large a une tour, comme celle de terre suivant le même armement.
L’énnemi a toujours des bâtiments de guerre, et surtout une frégate au mouillage prés des îles ou en croisière aux environs.
D’après cet exposé, je crois qu’il serait téméraire et même contre l’humanité d’exposer des troupes et des marins à tenter le passage du continent aux îles pour s’en emparer de suite.
Cependant, comme tous les bons républicains, je vois avec douleurs les Anglais possesseurs de ces îles, d’ou ils ont la facilité de vomir sur nos côtes des émigrés qui se répandent dans le département du Calvados et de la Manche et entretiènent une coupable correspondance avec l’Angleterre.
Je sais aussi que toute communication est coupée entre le Havre, Cherbourg et d’autres ports, que le Havre est l’entrepôt de tout ce qui nous vient du Nord, ainsi que toutes les munitions navales qui descendent de la Seine pour le service des trois grands ports de la république.
Toutes ces vérités bien senties, il faut voir quels seraient les moyens de s’emparer des dîtes îles.
On avait eu d’abord le projet de s’en emparer avec huit chaloupes canonnières et 1200 hommes de troupes qui auraient été embarqués à la Hougue sur des bateaux de pêcheurs qui y auraient été rassemblés pour cette opération, et en supposant qu’il y aurait sur la rade qu’une seule frégate anglaise à l’ancre, les canonnières auraient été mouillées de nuit auprès de la frégate à portée du canon de 12 ou de 18 puis la couler à fond ou la forcer à appareiller.
La frégate étant coulée, ou partie, on aurait fait signal aux bateaux ou les troupes seraient embarquées, de suivre les canonnières, mais en se tenant hors de portée du canon des îles.
Les canonnières auraient attaquées en deux ou trois endroits les plus faciles au débarquement. Quand elles auraient mit les batteries hors d’état de faire feu, alors on aurait fait approcher les bateaux pour le débarquement, les canonnières continuant de battrent à mitraille le sol au dessus du rivage et même à poudre pendant le débarquement.
Ce projet n’a pu s’exécuter parce que les Anglais ont eu constamment de 4 à 6 frégates aux dîtes îles.

Les projets allaient bon train sans que personne ne prennent de décision pour mettre à exécution cette attaque. D’autres militaires voulaient reprendre les îles saint Marcouf avec une flottille de deux ou trois vaisseaux de guerre qui seraient venus de Brest ou de Lorient pour engager une bataille navale afin de couler les frégates anglaises et seulement après, de procéder audit débarquement suivant la même stratégie que celle décrite dans le précédent projet

Les Anglais se tenaient sur leur garde, et du côté français on estimait que la garnison des îles saint Marcouf se composait de 900 hommes avec un armement de 30 pièces de canons sur une île et de 90 canons sur l’autre.

En réalité l’attaque aura lieu le 18 Floréal de l’an 6 (7 mai 1798 ).
Le 17 floréal le commandant de la flottille armée au Havre mis en rade du port  de la Hougue  avec  sa  flottille  composée de  quinze
chaloupes canonnières, trente bateaux canonniers, deux bombardes et deux avisos, elle a appareillée sous le fort de la Hougue à deux heures de flot pour aller mouiller au Sud-Ouest de l’île de terre à grande portée de canon afin d’avoir la facilité pour donner l’assaut aux îles.
Mais s’étant approché de trop prés des îles, le bruit des avirons donna l’alerte et sur le champs les îles tirèrent deux coups de pièrrier qui n’étaient qu’un signal de convention entre îles, ou pour prévenir un vaisseau, une frégate, et une corvette qui s’étaient ancrées la veille à deux lieues sous l’Est.
La flottille à continuée sa marche, et le commandant a donné ordre de mouiller à deux heures, à une demie-lieue dans l’Est, à 3 heures trente le commandant a donné ordre aux canonnières de s’approcher des îles à portée de canon, mais la flottille fut accueillit par un feu violent quoique éloigné d’un grand quart de lieue des îles, les boulets dépassèrent bien au delà la flottille, ce qui détermina le commandant à faire mouiller et fit en même temps le signal aux bateaux plats d’attaquer de concert.

Les chaloupes canonnières ont employé un temps trop considérable à prendre leurs ordres, et pendant ce temps l’ennemi faisait un feu très vif de toutes les parties des îles, sur la flottille et particulièrement sur les bateaux plats qui s’approchaient le plus. Ceux-ci ont continué de marcher en ligne pour joindre le débarquement, mais s’apercevant que les chaloupes restaient mouillées excepté un bateau qui les a ralliés pour les soutenir, ils n’ont osé s’approcher  et tous sont  restés pendant une  demie-heure
presque immobile et n’ont pas voulu débarquer, malgré l’ordre du commandant.
Cinq bateaux plats en tête de la division de droite se sont avancés de très prés des îles dans l’intention d’y aborder, ils ont longé l’îles de terre sous les boulets et la mitraille, mais n’étant pas soutenus par les autres bateaux, ils ont été obligés de s’éloigner à force rame, l’un d’eux qui a reçu cinq boulets et deux obus coulait bas, lorsqu’un des bateaux s’est approché pour sauver l’équipage et après une frégate est venue pour remorquer le bateau.
Le commandant voyant qu’un découragement général s’emparait des troupes à viré de bord pour gagner la Hougue.
Il y a cinq hommes tués et quatorze blessés dont sept dangereusement.
L’armement des îles est considérable. (SHAT 1 M 505 ).

Le commandant Muskeyn qui dirigait l’expédition écrivit au contre-amiral Lacrosse pour l’informer que durant l’attaque des îles le bateau numéro 13 qui avait été pris en remorque a en fait coulé vers 6 heures, mais que son équipage a été entièrement sauvé. Muskeyn dit avoir quatre hommes morts et 8 à 10 blessés. Il insiste pour dire que les îles saint Marcouf sont très fortifiées et possèdent de nombreuses batteries. (Arch. Nat. BB3-131 f°142 )

Le capitaine du génie, employé dans l’expédition et embarqué à bord de la canonnière « l’Eclatante » relate l’attaque en ces termes :
«  La flottille était le 17 floréal mouillée sous le fort de la Hougue à 8 heures du soir, et devait aller mouiller au Sud-Ouest de île de terre. Les Anglais entendirent le bruit des avirons et donnèrent l’alarme en tirant deux coups de pierriers. La flottille a mouillée à deux heures à une demie-lieue dans l’Est des îles, et à trois heures trente le commandant Muskeyn donna l’ordre aux canonnières de s’approcher des îles à portée de canon, mais à quatre heures reçurent un feu violent.
Cinq bateaux plats ont longés l’île de terre sous une grêle de boulets et de mitraille, mais voyant que les autres bateaux ne s’approchaient pas, ils se sont éloignés à force rame : l’un d’eux le numéro 13 a été percé d’un boulet à la ligne de flottaison, ce qui força son équipage à évacuer, puis ce bateau partit à la dérive et fut ensuite remorqué par la chaloupe d’une frégate. »

Cette affaire fit grand bruit et pas du goût du contre-amiral Lacrosse, qui écrivit au ministre de la marine.

« Lettre du contre-amiral Lacrosse, inspecteur de la côte, depuis Cherbourg jusqu’à Anvers, au citoyen Bruix Ministre de la Marine et des Colonies.

La Hougue le 19 floréal an 6.

L’échec est attribué à la mauvaise conduite de certains marins, qui pourtant sont bien payés, mais ne sont pas déterminés. Le   contre-amiral   Lacrosse   propose  au  ministre   de  dégrader
certains de ces marins et officiers, mais n’en ayant pas d’autres connus pour les remplacer, il retombe dans le même problème,  et il n’est pas sûr d’en trouver d’autres.

Le capitaine Muskeyn n’a plus d’ailleurs la confiance de ses subalternes, et lorsque le général Bonaparte lui confia cette expédition, il en attendait un plus beau résultat.
Lacrosse dit avoir donné l’ordre de remettre en état le matériel et de se préparer à une nouvelle attaque. Mais un vaisseau anglais de 74 canons s’est approché des îles pour les défendre.
La quatrième demi-brigade est actuellement sous les tentes sur le rivage de la Hougue et est nourrie aux vivres de mer, ce qui fait une consommation de viande, cidre ou eau de vie  considérable.
Lacrosse attend les ordres du ministre pour repartir.
( Arch. Nat. BB3-131 marine f° 137.)

En fait l’ordre d’attaquer ne sera pas donné, car la présence des navires anglais était très dissuasive et aurait sans doute fait courir d’énormes risques aux hommes de troupes.

Ceci n’empêcha pas de traduire des officiers devant le conseil militaire suite à la plainte déposée par le capitaine Muskeyn. Sur les huit officiers qui comparurent devant ce tribunal, un fut dégradé et trois subalternes   condamnés   à   la     cale.  Muskeyn   s’était également plaint que certains hommes du corps expéditionnaire étaient ivres durant l’attaque.

La France ne récupérera les îles saint Marcouf qu’en 1802 après la signature du traité d’Amiens.