L’ETAT DEVIENT
PROPRIETAIRE DES ILES SAINT MARCOUF
Nous avons vu que depuis la donation des îles saint Marcouf par Childebert elles n’ont cessé d’être aux mains des religieux du monastère de Saint-Marcouf, puis aux abbayes de Sainte-Wandrille et Saint-Cerisy.
Mais en 1723, un certain Monsieur de Fontenay propose de vendre ses îles au roi, comme le montre un courrier conservé aux archives nationales (B3-266 marine f°242).
Monsieur de Blangy, marquis de Fontenay, dont la famille possédait de temps immémoriaux les îles Saint-Marcouf, louait les pâturages à des fermiers pour la somme de 16 à 1700 livres . Et sur la proposition de monsieur Blangy, ces îles furent enfin vendues au roi pour une rente annuelle de 1000 livres , prises sur le trésor royal.
Une lettre de l’Administration Générale des Douanes du Roi de 1778 en fait état (Archives nationales : Q1 642 ).
Les régisseurs des douanes de Valognes engagés à Monsieur le Duc de Chartres afferment depuis environ 30 ans les îles Saint Marcouf, le prix du bail est de 53 livres par an, il a été passé aux fermiers Monfort et Trohai, habitants de la province de Réville.
Le feu roi a acquis de Monsieur le Marquis de Fontenay les îles Saint Marcouf moyennant une rente de 1000 livres qui lui fût assigné, et à ses descendants sur le trésor royal, cette acquisition est bien postérieure à un engagement du Domaine de Valognes, qui remonte à l’année 1698, on ignore à quel titre Monsieur le Marquis de Fontenay jouissait de ces îles, il n’en a remis aucun, et toute cette opération paraît avoir été faite sans aucune connaissance de la part du fermier du Domaine.
Monsieur le Comte de Blangy, jouit aujourd’hui de la rente de 1000 livres , comme représentant Monsieur le Marquis de Fontenay, et il en a obtenu un brevet qui porte en même temps confirmation de l’acquisition, en conséquence il jouit de la rente de 1000 livres sur le trésor royal; mais le Roi qui la paye ni jouit de r... »
Comme nous venons de le voir, le roi payait une rente sur le trésor royal, sans que ce dernier en encaisse un quelconque dividende.
Des propositions diverses pour le baillage de ces îles saint Marcouf parvenaient à Valogne, comme le montre le courrier que nous reproduisons ci-dessous (Archives nationales Q1-642 ).
Lettre de Monsieur De Forges de Caen adressée à Monseigneur le Directeur Général des finances du district de Valogne.
Monseigneur
Le sieur Pinel de la Mazure écuyer, propriétaire d’une verrerie à Villers Cotterest, assuré de la faveur que vous accordés à chaque branche du commerce, à l’honneur de vous observer, Monseigneur, que les circonstances présentes ne lui permettant pas de se procurer la soude indispensable pour l’exploitation de sa verrerie par la difficulté de pratiquer la mer, d’un costé, et d’un autre, par les entraves que la faculté de médecine y apporte, en persuadant qu’avec la matiére propre à faire la soude en la faisant dans les terres il en résulterait contre les habitans de ces contrées des maladies de contagion qui les dépleupleroient : Cependant, comme il est impossible au supliant de faire valoir sa ditte verrerie sans soude, et qu’il a connaissance de deux petites isles sur la coste de Normandie au département de Bayeux et D’issigni nommés les isles de Saint Marcouf à six lieües en mer ou il pourroit se faire et fabriquer la soude nécéssaire indispensable à l’exploitation de la verrerie sans craindre les enemies de l’état, et à l’abry d’occasionner aucun genre de maladie aux sujets de sa majesté, le supliant à recours à vos bontées et à la faveur que vous accordé au commerce, a ce qu’il vous plaise, Monseigneur aiant égard au présent, à la vérité et utilité de son énnoncé lui accordé par le Roy propriétairement, héréditairement, incommutablement, et à titre d’inféodation les deux petites isles de Saint Marcouf, nommées l’une l’isle d’Amont et l’autre l’isle d’Aval pour les tenir noblement et immédiatement relevantes de sa Majesté à cause de sa souveraineté et de son Duché de Normandie à la charge d’un éperon doré de rente féodale estimé cinq sols attendu que ces isles sont absolument désertes et inutiles à l’état et au public. Le supliant continuera ses vœux Monseigneur pour la très pieuse conservation des jours et prospérité de votre grandeur.
Malheureusement pour le sieur Pinel de la Mazure, la réponse de l’Administration Générale des Domaines du Roi fut négative, non pas en raison de la nature de l’industrie que le sieur Pinel voulait y faire, mais plus concrètement parce que la somme proposée par notre sieur était bien trop faible au regard des 1.000 livres que le trésor royal payait chaque année au comte de Blangy, ex-propriétaire de ces îles.
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