Ordre de brûler
le « Ville de Saint Malo »
ancré aux îles Saint-Marcouf
Quand un vaisseau était suspecté de contagion possible par la peste, l’ordre pouvait être donné de procéder à sa destruction pure et simple, mais les capitaines des navires ainsi détruits s’en trouvèrent quelquefois ruinés, par la perte de leurs outils de travail.
En 1721, le vaisseau de commerce « La Ville de Saint Malo », dont le capitaine était le sieur Tanqueray, subit ce funeste sort et s’en trouva ruiné et presque réduit à la mendicité ; voici les faits.
Une lettre émise de Saint Malo le 12 Octobre 1721 nous apprend que le sieur Tanqueray, capitaine du navire nommé « Ville de Saint Malo », demande le remboursement de la nourriture qu’il a fournie à plusieurs passagers de son navire, dont l’embarquement sur son bord lui avait été imposé par les autorités.
Mais le conseil d’Etat ne voulait lui accorder que 6 sols par ration, alors que le sieur Tanqueray en réclame beaucoup plus, car la perte de son navire l’a réduit à la mendicité. Monsieur le Comte Dartagnan, commandant à La Hougue, envoie le détail des pertes du sieur Tanqueray, qui s’élèvent à 11706 livres .
(Archives nationales :B3-269 marine f° 436)
Etat des rations fournies à divers Français embarqué à Toulon sur le navire « La Ville de Saint Malo », capitaine sieur Tanqueray, qui a esté bruslé aux isles Saint Marcou.
Sçavoir
Provenant des galléres du grand seigneur suivant le billet des consuls de Toulon datté du 13 Janvier 1721.
Une copie est cy joint.
Jean Tessier. Deux cent dix rations du 13 Janvier jusque et y compris le 10 Août 1721, qu’il a esté débarqué des isles Saint Marcou.................... 210 rations
Jean Arnaud, cent quatre vingt dix neuf rations du 24 Janvier 1721 au dit jour 10 Août 1721 .
Idem.............................................................. 139 rations
François Tardivet ........................................ 139 rations
Michel Lemire ............................................. 139 rations
Etienne Godefroy.......................................... 139 rations
Pierre le Herffier.......................................... 139 rations
François L’hostellier ................................... 199 rations
Total ......................................................... 1104 rations
A Saint Malo le 12 Octobre 1721
(Archives nationales B3-269 marine, f° 441)
A ce stade de la négociation, il est facile de comprendre que le sieur Tanqueray ne peut espérer qu’un maigre dédommagement uniquement pour les rations alimentaires qu’il a fournies à ses passagers, lesquels lui ont été imposés à Toulon lors de son départ et comme le montre les documents suivants l’Etat lui déduira les tonneaux d’eau potable qui lui seront fournis pour son voyage par les magasins généraux du port de Toulon.
Lettre de la Marine du Ponant de Monsieur Marin écrite de Saint Malo le 23 Novembre 1721.
« J’ay reçu la létre qu’il a plû au conseil me faire l’honneur de m’écrire datée du 17 courant, a laqu’elle estoit joint un ordre de fond por faire payer au sieur Tanquerel capitaine du navire nommé la ville de saint malo venant de Toulon et qui a esté bruslé avec toute sa cargaison par ordre de la cour aux isles de Saint Marcou, la somme de 392 livres pour les passagers qu’il a amenés de Toulon, embarqué sur son bord tant par ordre de Monsieur Hocquart, intendantau dit port, que par celuy des consuls. »
Dans ce même courrier il est demandé des explications sur le fait que Monsieur Hocquartdemande de déduire des sommes à verser à Tanquerel 251 livres pour les marchandises que le capitaine du navire a eu du magasin du Roy à Toulon.
(Archives nationales B3-269 marine f° 445)
Ces 251 livres à retenir sur la somme à verser au sieur Tanqueray sont mentionnées dans un courrier daté du 22 septembre 1721 à Toulon.
Voici un extrait de ce courrier.
Estat de ce qui a esté délivré des magasins de la marine à Toulon, au sieur Tanqueray, capitaine du vaisseau le Saint Malo le 20 Janvier 1721.
Sçavoir
Dont quinze pipes cerclées de bois et divers………...251 livres
(Archives nationales B3-269 marine f°448)
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